Cours de droit administratif: l’organisation administrative
Objectifs du cours et introduction générale
Presentation du système administratif marocain
Objectifs du module « L’organisation
administrative »
- Permettre aux étudiants de bien situer le
droit administratif par rapport au autres branches de droit public et
l’organisation administrative par rapport au droit administratif - Comprendre les notions de base de
l’organisation administrative et les
principes qui régissent cette organisation. - Pouvoir faire la distinction entre
l’administration centrale et l’administration territoriale - Comprendre le cadre juridique et les
structures qui régissent ces deux paliers
d’administration.
Qu’est ce que le droit administratif ?
C’est cette branche du droit public interne
qui comprend l’organisation et
l’activité de ce qu’on appelle communément l’administration. Il traite
des droits et des obligations de l’administration et ses relations avec
les administrés.
Qu’est ce que l’administration?
De
Laubadère donne une définition générale l’administration selon laquelle :
« c’est l’ensemble des autorités, agents
et organismes, chargés sous l’impulsion du pouvoir politique d’assurer les
multiples interventions de l’Etat moderne. »
Les sources du droit administratif
Présentation
Le système administratif marocain est
caractérisé par la distinction entre administration d’Etat et administration
décentralisée.
- La
première fait intervenir : le Roi, le chef de gouvernement, les ministres, les
autorités administratives indépendantes, ainsi que des services déconcentrés. - La deuxième fait intervenir les collectivités
territoriales et les établissements publics
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Chapitre premier: Les principes fondamentaux de l’organisation administrative:
Dans les Etats unitaires, l’organisation
administrative oscille entre deux modes opposés
d’administration et d’aménagement de l’exercice des compétences
administratives : la centralisation et la décentralisation. Une opposition
théorique entre ces deux notions est établie par la doctrine administrative.
Section 1: La centralisation/la concentration
La centralisation est un mode d’organisation
de l’Etat dans lequel une autorité centrale détient l’ensemble des
pouvoirs de décision (politique, administratif, financier) et des
attributions de la puissance publique. Dans ce cas, des agents locaux de l’Etat
totalement soumis au pouvoir central, interviennent au niveau local
l’Etat assume seul, sur son budget, la satisfaction de tous les besoins
d’intérêt général. Ceci n’exclu pas le découpage du territoire national en
circonscriptions administratives plus ou moins étendues. Toutefois, ces
circonscriptions ne constituant qu’un découpage administratif sans vie
juridique propre.
« de
simples courroies de transmission »
Le Maroc a une longue tradition de
Centralisatrice propre à lui la France aussi.
Mais
Le
Maroc connaissait des structures locales et régionales bien enracinées dans
l’histoire nationale.
Le système centralisé est:
- il est
extrêmement lourd à gérer - l’autorité centrale se situe loin des
préoccupations locales
Si la centralisation est, théoriquement,
réputée par sa simplicité et son efficacité, elle est difficilement
réalisable en pratique.
C’est pour cela que la centralisation est tempérée par la
déconcentration.
Qu’est ce que la déconcentration ?
La
déconcentration est définie comme étant:
« la règle générale de répartition des
attributions et des moyens entre les différents échelons des administrations
civiles de l’Etat »
Mode de fonctionnement de la déconcentration
Quelle est la nature des relations qui lient
les deux échelons?
La
déconcentration est encadrée par le pouvoir hiérarchique et les rapports entre
supérieurs et subordonnés
Ce pouvoir attribué au ministre, est lié à sa
responsabilité politique devant le parlement pour l’ensemble des actes de ses
subordonnés et à sa qualité d’autorité administrative
- Pour exercer leurs missions, tous les
ministères disposent de services déconcentrés (majoritairement au niveau de la
province). - Auparavant, les services déconcentrés étaient
généralement placés sous l’autorité d’un gouverneur. - certains services spécifiques (éducation
nationale, justice, services fiscaux) échappent cependant au pilotage par le
gouverneur.
Section 2: la décentralisation
La décentralisation administrative
- C’est le système dans lequel des tâches
administratives, des pouvoirs de décision sont remis sur l’ensemble du
territoire à des organes qui ne sont pas des agents du pouvoir central mais qui
sont les représentants des citoyens (ex. la commune). - La décentralisation est un système assez démocratique
parce qu’il permet de faire participer les administrés à la gestion des
affaires qui les concernent directement
Dans
le cadre de la décentralisation les collectivités locales disposent d’une
existence juridique des organes propres pour la gestion de leurs affaires. Ces
organes sont élus par les membres de la collectivité elle-même. D’une
l’autonomie financière, elles ont des ressources propres.
Mais il ne s’agit pas d’une autonomie absolue,
des techniques juridiques ont été prévues afin de permettre au pouvoir central
d’exercer un contrôle sur les C.T, c’est ce qu’on appelle la tutelle ou le
contrôle administratif qui constitue une limite à l’autonomie locale, et à la
décentralisation elle-même.
Attention !
Il ne faut pas confondre entre:
autonomie administrative et autonomie politique
La décentralisation évoque trois principes
fondamentaux:
- La démocratie locale
- L’autonomie locale
- Le contrôle de tutelle
1- Principe de la
démocratie locale
- La gestion par les citoyens des affaires qui
les concernent plus directement - L’élection est la technique qui assure
l’autonomie des organes chargés de la gestion locale : La légitimité démocratique des autorités
décentralisées - Des
instances représentatives de gestion locale
- Elle correspond, pour l’organisation
administrative, ce qu’est la démocratie représentative pour l’organisation
constitutionnelle - Elle
permet d’associer les citoyens à la prise des décisions et d’assurer une
meilleure organisation du travail au sein de l’Etat - elle
permet de créer un cadre commode d’apprentissage et d’éducation politique pour
les citoyens
“c’est dans la commune que réside la
force des peuples, les institutions communales sont à la liberté ce que les
écoles publiques sont à la science…Sans institutions communales, une nation
peut se donner un gouvernement libre mais elle n’a pas l’esprit de la
liberté.”
Alexis De toqueville.
“De la de la Démocratie en Amérique
Au Maroc
Toutes
les constitutions ont reconnu le principe de la gestion démocratique des
affaires locales comme un principe constitutionnelle de la décentralisation
2: L’autonomie locale
« L’autonomie locale est le droit et la
capacité effective pour les collectivités de régler et de gérer, dans le cadre
de la loi, sous leur propre responsabilité et au profit de leurs populations,
une part importante des affaires publiques. » Il est précisé que « ce
droit est exercé par des conseils ou des assemblées composés de membres élus au
suffrage libre, secret, égalitaire, direct et universel »
L’article 3 de la charte
européenne de l’autonomie locale
Le contrôle de l’Etat
contenu
- un pouvoir de contrôle accordé par la loi à une autorité étatique sur les collectivités décentralisées et sur leurs actes
- c’est un contrôle qui trouve tout à la fois
son origine et sa finalité dans la décentralisation.
étendue
- l’ensemble des procédés – approbation,
annulation, subvention, suspension ou révocation individuelle ou collective des
élus- mis par la loi entre les mains du pouvoir central - il est
exercé par le gouverneur et le wali - Le passage de la tutelle au contrôle de
légalité: un système de vérification de la conformité des actes des CT à la loi
La tutelle a connu une évolution considérable
au Maroc
l’administration d’Etat
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Les services extérieurs
différentes délégations régionales qui sont chargées dans la limite de leur
compétence territoriale de représenter le ministère sur le plan local, et ils
sont chargés de la mise en œuvre de la politique des administrations centrales
sur le plan local.
Certains ministères n’ont pas de présence sur l’ensemble du territoire
national, la nature de leurs activités ne nécessite pas le déploiement de
larges moyens (douane), alors que d’autres ont une plus large présence (santé,
éducation, intérieur).
Les agents d’autorités
- L’administration territoriale se caractérise par
l’organisation d’un réseau dense d’agents d’autorité qui couvrent l’ensemble du
territoire national. - Ils sont constitués des walis, des gouverneurs, et des
autres agents d’autorité qui appartiennent à un corps de fonctionnaire doté
d’un statut particulier - ils sont investis de compétences générales à l’intérieur de
leur circonscription - Ils bénéficient de la protection de l’Etat conformément aux
dispositions du code pénal et des lois spéciales en vigueur contre les menaces,
attaques, outrages, injures ou diffamations dont ils peuvent être l’objet. - L’Etat leur assure la réparation des préjudices corporels
qu’ils pourraient subir dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions
Les walis et gouverneurs
- L’article 145 de la constitution a mis ces deux autorités
devant les mêmes attributions mais agissent dans des collectivités
territoriales différentes : le wali dans la région et le gouverneur dans
la province ou la préfecture. - Les provinces et les
préfectures sont regroupées dans le cadre de 17 wilayas qui ont été mises en
place à partir de 1984 entant que cadre de déconcentration est de coordination
assuré par les représentants de l’Etat à l’échelle régionale : le wali.
Les agents d’autorités
- L’administration territoriale se caractérise par
l’organisation d’un réseau dense d’agents d’autorité qui couvrent l’ensemble du
territoire national. - Ils sont constitués des walis, des gouverneurs, et des
autres agents d’autorité qui appartiennent à un corps de fonctionnaire doté
d’un statut particulier - ils sont investis de compétences générales à l’intérieur de
leur circonscription - Ils bénéficient de la protection de l’Etat conformément aux
dispositions du code pénal et des lois spéciales en vigueur contre les menaces,
attaques, outrages, injures ou diffamations dont ils peuvent être l’objet. - L’Etat leur assure la réparation des préjudices corporels
qu’ils pourraient subir dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs
fonctions
Les autres agents d’autorités
Le chef de cercle
- Il est chargé, sous l’autorité du gouverneur, de la gestion
du cercle. - Le chef du cercle
anime et contrôle, sous l’autorité du gouverneur, les activités des chefs de
circonscription rurale dans les limites territoriales du cercle. - Il est chargé de la liaison entre les différents services
administratifs et techniques. - Il assure également la fonction de conseiller et de
médiateur pour toutes les questions d’intérêt communal et intercommunal.
Presque toutes les provinces sont subdivisées en trois ou quatre cercles ou
plus.
Les autres agents d’autorités
Les pachas, caïds et super caïds
- Il sont désignés
par l’Etat, chargés du maintien de l’ordre public et disposant de la qualité
d’officiers de police judiciaire (il intervient également dans les domaines :
droit des associations, rassemblements publics, presse, élections, syndicats
professionnels…). - Les agents d’autorité, en tant qu’agents de développement,
soutiennent également le processus de planification au niveau local.
➣ Les chioukhs et moqqadmines sont des agents de liaison entre
les agents d’autorités et les populations, ils sont nommés par les gouverneurs.
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Chapitre 3: L’administration décentralisée:
les collectivités décentralisées
La décentralisation c’est
➣Partage de pouvoir et
de compétence
entre le centre
et la périphérie
➣légitimité
démocratique des organes
des CT et la
gestion démocratique des
affaires locales
De la commune à la région, un long processus de
décentralisation
Evolution du processus de décentralisation
processus inachevé….
Définition de la notion de collectivité territoriale
La notion de CT, en tant qu’expression de la décentralisation
correspond, au sens juridique, aux principaux traits suivants :
➣C’est une
portion du territoire qui suppose
une délimitation géographique précise, basée sur des considérations
administratives, historiques, socio-tribales, culturelles, économiques ou institutionnelles
➣C’est une personne morale de droit public, dotée de
l’autonomie financière, et comme telle, elle est apte à
accomplir les actes de la vie juridique (droits, obligations, avec
des conséquences patrimoniales, fiscales et contentieuses qui en résultent)
➣Son
fonctionnement implique aussi des
organes qui lui sont propres: conseils
élus, exécutif élu ou nommé
➣Ce fonctionnement
doit rester subordonné à l’ordre juridique étatique dans
le souci de
préserver l’unité nationale et
d’éviter la dispersion de l’action de l’Etat et ce, à travers un
contrôle de tutelle.
➣son existence repose
sur la reconnaissance d’intérêts
locaux spécifiques,
distincts des intérêts
nationaux. En effet, la Collectivité Locale a vocation à gérer
tous ses intérêts propres dans la mesure où ils sont communs aux habitants dont
la solidarité est tenue pour légitime ; mais à la différence de l’Etat qui a
une compétence générale, celles des collectivités locales sont déterminées par la Loi.
Les principes constitutionnels de l’organisation
territoriale
- Le principe de la libre administration
- Le principe de la gestion démocratique des affaires locales
- principe de subsidiarité
- Principe de coopération et de solidarité
Le principe de la libre administration
Ce principe permet de garantir un espace de
liberté dans lequel les CT peuvent agir et suppose par là réunion de
certaines conditions notamment :
- un organe propre à
CT: un conseil élu démocratiquement et
chargé de gérer les affaires de la collectivité tout en disposant de
compétences et des moyens nécessaires et d’une autonomie de gestion. - des compétences et moyens adéquats. Pour que la
décentralisation soit effective, il faut que les collectivités territoriales
aient des compétences, des moyens est des ressources propres. La répartition
des compétences entre l’Etat et ses démembrement et entre les collectivités
elles mêmes reste largement tributaire de la volonté du législateur. - Une administration propre
- un contrôle qui
circonscrit l’action des CT.
Le principe de subsidiarité
- L’article 140 de la constitution stipule: « Sur la base
du principe de subsidiarité, les collectivités territoriales ont des
compétences propres, des compétences partagées avec l’Etat et celles qui leur
sont transférables par ce dernier. Les régions et les autres collectivités
territoriales disposent, dans leurs domaines de compétence respectifs et dans
leur ressort territorial, d’un pouvoir réglementaire pour l’exercice de leurs
attributions. » - Ce principe doit permettre aux collectivités territoriales
de prendre des décisions pour l’ensemble des compétences qui peuvent le mieux
être mise en œuvre à leur échelon et accomplir les missions publiques qui ne
sont pas réservées par la constitution ou par la loi aux organes des autre
pouvoirs publics. - le pouvoir central ne doit intervenir que pour autant que
les collectivités territoriales ne sont pas parvenus à satisfaire les
différents besoins de la population.
Principe de coopération et de solidarité.
L’article 136 de la constitution stipule que
« l’organisation territoriale du Royaume repose sur les principes de libre
administration, de coopération et de solidarité.. ».
Malgré la
similitude entre ces deux notions, les mécanismes juridiques de leur
fonctionnement sont différents.
Distinction entre coopération et solidarité
Les différentes formes de partenariat
- Conventionnel :
- convention de partenariat en interne, convention de
coopération internationale décentralisée, jumelage etc. - Institutionnel:
- groupement, intercommunalité, société de développement etc.
- Contractuel:
- contractualisation de l’action publique locale
lorganisation communale
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Le contrôle administratif
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Les mécanismes de la démocratie participatifs