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Séance 1 Chapitre 1
L’économie est-elle une science ?
L’analyse scientifique commence par des hypothèses et se prolonge dans l’expérimentation. Karl Popper (1963) indique qu’une proposition devient scientifique quand elle peut être réfutée, c’est-à-dire quand il est possible de la confronter aux faits. Une hypothèse scientifique est donc une proposition qui comporte en elle la possibilité de sa réfutation. La scientificité d’une hypothèse peut se comprendre à travers la célèbre parabole du cygne noir.
Ce n’est pas parce que l’observation nous a conduit à ne rencontrer que des cygnes blancs que tous les cygnes sont blancs. On peut même dire que le scientifique serait plus avancé s’il croisait un cygne noir, car il prouverait alors que tous les cygnes ne sont pas blancs. En somme, il est possible de prouver une erreur (l’existence d’un cygne noir prouverait qu’ils ne sont pas tous blancs), alors qu’on ne peut jamais établir une vérité. Une analyse scientifique n’est digne de ce nom que si elle peut être réfutée par l’observation des faits. Le problème, en science économique, vient du fait que l’expérimentation apparaît difficile.
Il semble inconcevable de faire des expériences pour savoir si la hausse des taux d’intérêt pourrait accroître le chômage. Remarquons que ce problème se pose aussi pour d’autres sciences «dures », pour lesquelles les expériences ne sont pas toujours envisageables : que dire du clonage humain, des essais nucléaires ? Ceci revient à remettre en cause le critère de scientificité avancé par Popper : ce n’est pas parce qu’on ne peut pas faire d’expérience que la démarche en économie n’est pas scientifique.
D’ailleurs, elle est en partie possible, modèles qui permettent des simulations à l’aide d’outils mathématiques et statistiques.
En outre, l’économiste peut s’appuyer sur l’histoire pour valider son modèle théorique : ainsi, peut-être pourrait-on observer, au cours de l’histoire, que les périodes de hausse des taux d’intérêt se sont caractérisées par une hausse du chômage. Enfin, les hypothèses en économie doivent être entendues comme des probabilités : le consommateur est le plus souvent rationnel, et ce n’est pas parce qu’on rencontre un individu qui ne l’est pas un « cygne noir ») que l’hypothèse de rationalité doit être rejetée.
Source: Longatte (J.Vanhove. (P). Économie générale, Ed.9. 2018. Dunod.
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Chapitre I
L’économie politique comme science
sociale : les questions de l’objet et des
méthodes
Etymologiquement , le terme <<économie politique>> dérive des mots grecs <<oikos nomos>> , de <<oikia>> (maison) et de <<nomos>> (règle ou administration). Il signifie administration de la maison, du domaine.
Ce terme est utilisé pour la première fois par Xénophon1dans son ouvrage intitulé ‘’L’économique’’ où se trouvent exposées les règles d’une bonne gestion foncière. L’expression d’économie politique qui, d’un point de vue étymologique signifie administration du patrimoine de la cité (du grec polis c’est la cité) , est quant à elle utilisée pour la première fois par un auteur mercantiliste français : Antoine de Montchrestien (1615) dans son ouvrage intitulé ‘’’ Traité d’économie politique’’, ouvrage dans lequel il explique la manière dont la France peut devenir un pays riche et puissant .
C’est à partir de cette période que l’économie politique devient une discipline de pensée autonome, détachée de la philosophie et préoccupée exclusivement de la création et de la circulation des biens matériels à l’échelle de la nation (d’ou l’association des deux mots : Economie et politique).
Cela dit pour l’origine étymologique du terme, quelle définition peut-on donner à l’économie politique du point de vue épistémologique ?
L’économie politique est difficile à définir. Cela tient, sans doute, à ce qu’elle fait partie des sciences sociales, sciences qui elles-mêmes ne sont pas aisées à circonscrire avec précision. Identifiée à une science des richesses à la période classique, elle se définira ensuite comme la science des choix individuels face à la rareté .Cependant, il est possible de souligner quelques définitions :
– Pour M . Dowider , l’économie politique et la science des lois qui régissent les relations économiques , c’est à-dire les relations sociales qui ont lieu entre les membres de la société par l’intermédiaire des biens matériels et des services2.
– Pour G.Soul, l’activité que l’on qualifie généralement d’économique est étroitement liée à la façon dont les hommes subviennent à leurs besoins.3
– Pour P.A. Samuelson , l’économie est la manière dont les individus décident d’affecter , au meilleur coût possible , telle ressource au système productif en vue de satisfaire des besoins de consommation individuels et collectifs , présents et futurs.
1 Xénophon (v. 430 av. J.-C.-v. 355 av. J.-C.), historien, soldat et écrivain grec, dont les écrits ont contribué à une meilleure connaissance de la Grèce et de la Perse du IVesiècle av. J.-C. Il est l’auteur de plusieurs ouvres : l’Anabase, les Helléniques, une suite couvrant la période de 411 av. J.-C. à 363 av. J.-C. (traitée dans l’Histoire de la guerre du Péloponnèse de Thucydide). Il écrit aussi la Cyropédie, une biographie romancée de Cyrus le Grand, des Mémorables, compilation de conversations tenues entre Socrate et ses disciples, un éloge d’Agésilas, un ensemble de traités politiques et économiques, une série d’essais sur l’équitation, la chasse et la cavalerie militaire et plusieurs dialogues socratiques. 2 M . Dowider , léconomie politique , une science sociale. Edition F . Maspero , Paris , 1979 , p 17. 3G . Soule , Qu’est ce que l’économie politique ?. Edition Nouveaux Horizons , Paris , 1973 , p 5.
– Pour Edmond Malinvaud, L’économie est la science qui étudie comment les ressources rares sont employées (transformées par les entreprises) pour la satisfaction des besoins des hommes vivant en société4.
De ces définitions, on se rend compte rapidement que l’économie politique s’articule autour de deux notions importantes à savoir la notion de besoins et la notion de ressources. D’autre part, et pour compléter ces définitions et les rendre plus précises, il est important de poser une double question : à quoi sert l’économie politique, ou encore quel est son objet ?. Comment procède-t-elle pour conduire ses investigations, ou encore quelle est sa méthode ?
I/- Les notions de besoins et de ressources :
L’activité économique est la manière dont l’homme s’organise pour satisfaire ses besoins.
1/ La notion de besoin :
Au sens économique, un besoin est une exigence née de la nature ou de la vie sociale, dont la satisfaction se heurte à la rareté. Les besoins sont classés en fonction de plusieurs critères.
Les besoins primaires : la satisfaction de ces besoins est indispensable à la survie des individus : se nourrir, se vêtir, se loger, s’habiller…
Les besoins sociaux : ce sont des besoins liés à l’évolutions la société dans laquelle on vit : avoir un ordinateur, communiquer, voyager…
Chaque société satisfait les besoins d’une façon qui lui est propre. Cependant, dans la plupart des économies nationales, de nombreux besoins sont pris en charge par la collectivité ; c’est ce qu’on appelle : les besoins collectifs (sécurité, justice, enseignement,…).
2/ La notion de ressources (biens )
On appelle ressource en économie l’ensemble des biens susceptibles de satisfaire les besoins humains.
Pour satisfaire ses besoins, l’individu peut se servir directement en puisant dans les ressources disponibles dans la nature (le besoin en oxygène est satisfait simplement par le fait de respirer). Ces biens, disponibles « gratuitement» et utilisables en l’état constituent les biens « libres ».
Mais de nos jours, la majeur partie des besoins ne peuvent être comblés par la nature (exemple : besoin de se déplacer rapidement d’un endroit à l’autre entraîne la nécessité d’acheter une voiture). Il faut donc produire les biens et services pour satisfaire les besoins des individus : ce sont les biens économiques.
4 Edmond Malinvaud, Leçons de théorie macroéconomique, Dunod, 1982.
Les biens économiques sont produits à partir de ressources (matières premières, énergies…) qui ne sont pas disponibles en quantité illimitée dans la nature. On dit alors que les ressources sont rares.
On distingue deux catégories de ressources : les biens et les services.
a-/- Biens matériels :
Ce sont des biens ayant une réalité physique, ils sont le fruit d’un travail humain et pouvant être stockés (une chaise, un crayon,…). On distingue les biens de consommation, qui peuvent être durables (automobile) ou non durables (café), et les biens de production (bâtiments, machines,…).
b-/- Services :
Ce sont des biens non palpables et non stockables dont la production et la consommation sont réalisées simultanément (conseil juridique, consultation médicale, transport,…).
comment produire ? : de manière à utiliser le moins de ressources possibles (les choix à faire) et augmenter au maximum la production.
pour qui produire ? : quelle sera la demande exprimée par les agents économiques. Comment s’échangent les produits ? la formation des prix.
II/- L’objet de l’économie:
S’interroger sur l’objet de l’économie politique revient à délimiter l’ensemble des faits observables faisant l’objet de la recherche dans le domaine économique. Dans ce sens, trois thèmes définissent généralement l’objet de la connaissance économique: les richesses matérielles, l’échange et les choix.
1-/-L’économie : une science des richesses.
Depuis L’antiquité, la question principale autour de laquelle tournent les idées économiques est celle de la richesse. Cependant, c’est L’ouvrage d’Adam Smith «Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations- 1776» qui suggère une première définition de l’objet de la connaissance économique en présentant toutes les idées économiques autour du concept central – la richesse nationale – en un système général et cohérent. On ne se trouve plus en face de visions fragmentaires comme chez les grecs, les mercantilistes ou les physiocrates. On peut donc avancer que l’économie politique se veut être une science qui étudie la formation et la répartition des richesses de la nation.
2-/- L’économie : une science des échanges
La valeur des biens ne se connaît qu’à travers l’échange. Ce qui est économique, c’est précisément ce qui est capable d’échange. De la sorte, un acte gratuit ne rentre pas dans la sphère de la science économique.
Le résultat d’un échange se traduit par un prix, c’est-à-dire un rapport des quantités transférées d’un sujet à un autre, que ce prix s’exprime en nature ou en monnaie. On conçoit ainsi que la science des échanges se ramènera à une science des prix. Est économique tout ce qui peut se traduire par un prix.
3-/- L’économie : une science des choix efficaces
L’idée majeure qui préside à la naissance du problème économique est celle de la rareté. Les besoins des individus apparaissent comme illimités, et les moyens pour les satisfaire sont limités. L’acte économique apparaît alors comme l’acte d’adaptation par excellence. Face à la rareté, les individus sont amenés à faire des choix : savoir choisir l’objectif à réaliser de préférence à un autre et décider du moyen le plus efficace parmi tous les moyens possibles pour atteindre l’objectif choisit. Le comportement prend donc la forme d’un choix qui est l’acte économique par excellence.
Les trois thèmes qui viennent d’être évoqués se complètent et s’enrichissent. Il reste à exposer comment ils ont été effectivement mis en œuvre ; d’ou la nécessité de s’interroger sur les méthodes de recherche utilisées en économie.
III/- Les méthodes de l’économie politique :
La méthode désigne la marche rationnelle de l’esprit pour arriver à la connaissance ou à la démonstration de la vérité. Le problème est alors de savoir s’il existe une méthode spécifique de l’économie politique.
La réalité économique se présente comme une multitude de phénomènes économiques (production, répartition, inflation,…) qu’il faut étudier pour déterminer les mécanismes universels de leur fonctionnement. La question principale qui se pose donc est :
Comment accède-t-on à la connaissance de la réalité économique ?
Cette question a divisé les économistes en deux camps :
– Ceux qui sont pour l’observation et l’induction : l’approche empirique. – Ceux qui sont pour l’abstraction et la déduction : l’approche théorique.
1-/- L’approche empirique (positivisme*):
Pour les tenants de cette approche, il est possible de construire une science économique objective, à l’image des sciences de la nature, par l’observation des faits économiques et sociaux. L’observation remplacera donc l’expérimentation des sciences de la nature.
La démarche empirique comprend deux étapes essentielles :
– Une étape d’observation des phénomènes économiques (description de la réalité) ; – Une étape d’analyse des phénomènes observés pour dégager une explication.
* Le positivisme est une attitude qui fonde la connaissance exclusivement sur les faits et la réalité.
a-/-1-L’observation des phénomènes :
L’observation consiste en une collecte d’informations sur la réalité économique que l’on cherche à étudier.
Deux méthodes sont généralement utilisées pour faire la collecte d’informations (observation) : la méthode statistique et la méthode anthropologique.
a-/-1-1 La méthode statistique :
La statistique permet de quantifier et de mesurer la réalité économique (enquêtes, sondages,…) ce qui permet de décrire les phénomènes étudiés. Aussi la statistique permet de déterminer les liens pouvant exister entre les phénomènes (calcul des corrélations).
a-/-1-2 La méthode anthropologique :
Cette méthode vise à saisir les phénomènes économiques dans leur contexte historique et social. Deux écoles marquent cette méthode :
– L’école historique allemande :
Deux auteurs ont marqué cette école : C.KNIES et B.VON HILDENBRAND ; ils ont proposé de faire recours à la recherche historique pour expliquer le fonctionnement des systèmes économiques. Les lois économiques ne peuvent être déduites par le raisonnement abstrait mais à partir de l’analyse des faits historiques.
– L’école institutionnaliste :
Les représentants de cette école sont surtout : VEBLEN et LEPLAY. Pour cette école, l’individu rationnel (Homo-oeconomicus) n’existe pas ; l’individu est un être qui fait partie d’une société avec sa culture et ses traditions, d’un groupe social, d’une famille. Il faut donc étudier les institutions (famille, groupes sociaux,…) qui agissent sur les comportements économiques pour mieux comprendre et expliquer ces comportements (par exemple : la consommation dépend du milieu familial, des coutumes et pas uniquement des jeux de l’offre et de la demande).
a-/2- L’explication des phénomènes :
Pour l’approche empirique, il est possible de dégager des lois à partir d’un certain nombre d’observations grâce à un raisonnement par induction. Selon A.LALANDE*: ’’L’induction consiste à remonter d’un certain nombre de propositions données, généralement singulières ou spéciales, que nous appelons inductives, à une proposition ou à un petit nombre de propositions plus générales, appelées induites, telles qu’elles impliquent toutes les propositions inductrices.’’ C’est le passage du particulier au général.
* A. LALANDE , vocabulaire technique et critique de la philosophie, P.U.F, 1962.
On parle donc d’induction lorsque la recherche de plusieurs choses particulières nous mène à la connaissance d’une vérité générale. Ainsi lorsqu’on a éprouvé sur beaucoup de mers que l’eau en est salée et sur beaucoup de rivières que l’eau en est douce, on conclut (induction) généralement que l’eau de mer est salée et que celle des rivières est douce.
2-/- L’approche théorique :
Par théorie économique, on entend une représentation intellectuelle (abstraite) qui vise à décrire ou à expliquer les phénomènes économiques. La méthode utilisée est la méthode hypothético-déductive.
La méthode hypothético-déductive :
Cette méthode consiste à procéder à la construction d’un modèle théorique en trois étapes successives :
Hypothèses ➔ déduction ➔ théorèmes.
– Etape des hypothèses :
C’est une étape de définition du cadre d’analyse (hypothèses) ; par exemple pour les économistes néo-classiques ils partent de l’Homo-oeconomicus (individu qui agit d’une manière rationnelle) c’est abstrait et ne provient d’aucune observation de la réalité.
– Etape de déduction :
La déduction est l’opération par laquelle on conclut rigoureusement, d’une ou de plusieurs propositions prises pour prémisses, à une proposition qui en est la conséquence nécessaire en vertu des règles logiques. Par exemple : tous les hommes sont mortels, SOCRATE est un homme. D’ou la conclusion que SOCRATE est mortel. C’est le passage du général au particulier.
– Etape des théorèmes :
C’est l’étape de l’expression des résultats auxquels a abouti la démonstration (déduction).
Chapitre II
Chapitre III : Agents, opérations et circuit économique
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