Département Économie- Gestion
Professeure Latifa HORR
Management Général des Organisations
Axe 1. « Clarification » sémantique du concept « management »
Licence 1, S 2 : Parcours Économie- Gestion
Année Universitaire : 2021-2021
Tables des matières
1. Introduction. 3
2. Qu’est l’organisation ?. 3
3. Qu’est-ce que la gestion ?. 5
4. Qu’est-ce que la direction ?. 6
5. Qu’est ce que le management ?. 7
Conclusion
1. Introduction
Cet axe traite la difficulté intrinsèque de définir le concept « management » par rapport aux concepts : « gestion », « organisation » et « direction ».
Des flottements déjà en usage pour différentier le sens que couvre ces concepts hypothèquent l’efficacité des actions au sein des organisations. Car si ces concepts ne renvoient pas aux mêmes actions, ils ne mobilisent pas non plus les mêmes capacités intellectuelles nécessaires à l’accomplissement de ces actions.
Il ne s’agit guère d’une simple querelle de vocabulaire, mais d’un effort de clarification sémantique en vue de préciser les actions, leur étendu et les résultats attendus de ces actions.
2. Qu’est-ce que l’organisation ?
Le mot organisation, relève du langage courant, il appartient à la même famille qu’organe et organisme.
- Un organe est un ensemble d’éléments cellulaires différentiés.
- Un organisme est, soit l’ensemble des organes qui constituent un être vivant, soit tout être vivant est un ensemble organisé. Tout ce qui vit est organisé.
L’organisation est l’essence même de la vie ; sur ce point tous les biologistes d’accordent aujourd’hui. La désorganisation, c’est d’abord la maladie, et finalement, la mort.
Toujours dans un langage courant, le contraire du mot organisation cité par tous les dictionnaires, c’est le mot anarchie, pris dans son sens général de désordre et indépendamment donc de toute connotation philosophique ou politique.
Ce qui nous importe c’est de montrer que l’action de l’organisateur se divise en deux temps successifs et non interchangeables ; d’abord concevoir, ensuite mettre en œuvre.
Concevoir, c’est recourir à la pensée, aux connaissances, au savoir, à la théorie. C’est aussi s’appuyer sur les aptitudes : esprit d’organisation.
Mettre en œuvre c’est recourir à l’action, à l’expérience, au savoir-faire, à la pratique. C’est aussi s’appuyer sur d’autres aptitudes (habileté, adresse…). Ainsi l’organisateur se doit d’agir en homme de pensée et en homme d’action.
L’organisation se doit de durer un certain temps, sauf, bien entendu, si elle s’avère, à tout égard, néfaste. C’est que la conception et la mise en place d’une organisation sont coûteuses : études, lancement, rodage, formation…Une organisation est un investissement intellectuel, et, comme tel, cet investissement doit être amorti sur un certain temps d’utilisation.
Il est évident qu’une organisation conçue pour atteindre un certain objectif doit être « nécessaire », mais elle doit être aussi « insuffisante », car il est des excès d’organisation, des perfectionnements relativement inutiles dans leur rapport coûts/performances.
On ne peut pas organiser sans avoir un but, pas de but, pas d’action.
Pour ce qui est des contraintes, on ne saurait mettre en place n’importe qu’elle organisation, n’importe où, n’importe comment, à n’importe quel prix. L’organisateur prendra en compte des contraintes de qualité, évidemment, mais aussi des contraintes de délai, de prix, des contraintes juridiques (les lois et les conventions existantes), des contraintes sociales.
Parmi les buts de l’organisation, nous évoquons :
- L’accroissement de la productivité,
- L’amélioration de la qualité,
- La réduction des délais,
- L’amélioration de la sécurité des biens et des personnes,
- L’amélioration de la qualité des informations,
- L’amélioration de la circulation de l’information et des réseaux de communication,
- L’amélioration de la vie au travail.
Il importe de souligner que ce n’est pas à l’organisateur de choisir les buts. C’est à la direction que revient cette action. Certes, l’organisation peut innover quant aux méthodes d’analyse et aux solutions envisageables, mais elle n’est pas responsable des objectifs, pas plus que des finalités.
3. Qu’est-ce que la gestion ?
Ce terme est empêtré avec celui d’administration, de direction et de management.
Il a fallu les successives révolutions industrielles, surtout les dernières, pour qu’avec les grandes entreprises apparaisse la notion de fonctions établies par Henri Fayol.
Les américains englobent la gestion, l’administration et l’organisation sous le vocable « management ». Or, Fayol distingue la fonction administrative du gouvernement de l’entreprise.
L’administration n’est que l’une des six fonctions dont le gouvernement doit assurer la marche. La direction générale est le pouvoir exécutif.
Malgré cette mise en garde, il est courant que la gestion soit assimilée à la direction, surtout lorsque celle-ci se focalise sur les aspects financiers du comportement de l’entreprise. La gestion serait alors la lecture, à livre ouvert, des bilans et des comptes d’exploitation. Elle serait en quelque sorte, d’essence purement comptable et financière.
Si l’on reprend la définition donnée pour le verbe organiser, si rien ne change, ni le but, ni les données, ni les conditions, ni les contraintes – et ni les hommes-, l’organisation à elle seule suffit à assurer la bonne marche de l’entreprise, tout en se passant comme prévu de la gestion. Mais, d’une part, une organisation aussi poussée soit-elle ne saurait avoir tout prévu.
D’autre part, tout change ; buts, données, conditions, contraintes, hommes. Enfin, dans la plupart des cas, une organisation ne fonctionne pas toute seule, il lui faut des opérateurs.
Est gestionnaire celui à qui sont confiés la responsabilité et le fonctionnement – la gestion- d’une partie d’une organisation. Il n’est donc pas ici question de « hautes finances » : on gère des stocks, un parc de véhicules, un parc de machines, du personnel, une clientèle, un réseau de vente, des contrats et, aussi des finances.
Aux gestionnaires, il appartient d’utiliser l’organisation qui leur a été confiée, de la maintenir en état, et, s’il y a lieu, de procéder à d’ultimes ajustements ou à, des modifications mineures rendues nécessaires par les changements intervenus. La gestion a ainsi au niveau tactique une fonction de régulation. Dans ce sens, gérer c’est administrer et l’on rejoint pleinement Fayol.
Gérer, c’est mettre en œuvre l’organisation et déclencher les actions nécessaires. Gérer ne change pas l’organisation, ou si peu. C’est maintenir « les choses » – l’organisation- en l’état, c’est conserver, garder le contrôle. C’est faire au mieux avec ce dont on dispose. C’est donc l’affaire de tous ceux qui, dans l’entreprise, ont une responsabilité, si humble soit-elle.
Certes, le concept de gestion, tel qu’il est exposé ci-dessus, revêt un aspect mécanique et routinier.
4. Qu’est-ce que la direction ?
Gérer n’est donc pas diriger. Si la gestion tend à maintenir l’équilibre résultant de l’organisation mise en place, c’est la direction qui a déterminé cet équilibre, tout comme elle aura aussi à déterminer les suivants.
C’est la direction qui détermine la nature, l’étendue des remises en cause de l’organisation, et qui en fixe le moment. C’est à elle que reviennent les grands choix stratégiques : politiques, objectifs, programmes, budgets et organisation.
C’est la direction qui montre la direction à prendre. C’est à elle qu’incombe de rassembler les forces et d’animer les ressources nécessaires au « projet » de l’entreprise.
Si la gestion est l’administration, la direction est le gouvernement, Fayol l’a fort bien dit. Son rôle, sinon sa justification, est de réaliser, à tout moment, les synthèses nécessaires entre les besoins des différentes fonctions, une synthèse n’étant pas la somme des d’opinions différentes mais un système qui se caractérise d’abord par sa cohérence.
La direction est avant tout une fonction qui, dans le système entreprise, est prééminente, supérieure à toutes les autres. Quant aux directeurs, ils sont seulement des responsables dont la formation et l’expérience donnent le plus de garanties pour qu’ils fassent de bons choix et prennent de bonnes décisions.
Diriger est devenu de plus en plus difficile et requiert davantage des dirigeants de qualité et courageux.
L’organisation, si elle est bien conçue, est la base et est la condition même d’une bonne gestion au sens développé précédemment. En revanche, une bonne organisation, même si elle engendre une bonne gestion, ne suffit pas à mettre à l’abri des conséquences d’une mauvaise direction. Il en serait de même pour un excellent véhicule automobile mis entre les mains d’un mauvais conducteur.
5. Qu’est ce que le management ?
Le sens du mot management varie selon celui qui l’emploie. Aux Etats unies, si ce mot n’est pas complété ou éclairé par le contexte, il signifie à la fois l’organisation, la gestion et la direction. Avec toutes les techniques correspondantes et les hommes qui les utilisent, le management est plus une référence à un système de valeurs et de croyances.
S’il peut exister de mauvaises organisations, de mauvaises gestions, de mauvaises directions, basées sur des techniques pour la plupart quantitatives, il ne peut exister de mauvais management, car le management est, à tout moment, ce qui convient en matière d’organisation, de gestion de direction.
Le management c’est le succès en entreprise. C’est donc une illusion de croire que le management est essentiellement à base techniques. Il est pratiques autant que théories, il est attitudes autant que connaissances, il est même et surtout un état d’esprit.
Le management doit moins à des techniques qu’à des fondements culturels.
Les différents contextes économiques et sociaux secrètent des attitudes également différentes, et nos forces et nos faiblesses sont inscrites dans nos mentalités. La compétence en matière de management pourrait finalement ne pas être une somme de notions mais une forme de l’esprit.
Si l’organisation, la gestion et la direction sont à base de techniques. Tel n’est pas le cas pour le management dont la référence socioculturelle l’emporte sur les références techniques.
Conclusion
Organiser, c’est concevoir et mettre en place le système organisationnel (structures, méthodes, procédures, moyens correspondants).
Gérer, c’est mettre en œuvre et maintenir en état ce système.
Diriger, c’est au plus haut niveau et pour le terme le plus lointain, faire les grands choix, prendre les grandes décisions, y compris en matière d’organisation, se procurer les ressources nécessaires, et animer tout le système organisationnel.
Dans une entreprise, la gestion, l’organisation et la direction procèdent les unes aux autres et sont en constante interaction. Ce qui permet de les distinguer, outre leur nature différente, c’est le moment et le niveau où chacune intervient.