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Travaux dirigés en matière de l’Introduction à la science politique

 

Travaux dirigés en matière de l’Introduction à la science politique

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Travaux dirigés en matière de l’Introduction à la sciene politique

Professeur : M. DANANE HASSAN

FSJES Mohammedia

 

 

 

 

 

 

 

 

Axe 1 : L’Édification
historique de la science politique Axe 2 : La science politique
comme discipline scientifique

Axe 3 : la spécificité et les modes daction de la science
politique Axe 4 : Axe 3 : Les domaines d
action de la science politique Axe 5 : Typologie des régimes politiques contemporains



Axe 1 : L’Édification historique de la science
politique

 

Il faut dire que si la science politique est une discipline
scientifique nouvelle, il n’en demeure
pas moins que l’étude des phénomènes politiques est assez ancienne. Elle a commencé à partir du moment où les hommes
se sont intéressés à la compréhension des phénomènes politiques, liés à leur vie en communautés organisées et hiérarchisées, ainsi qu’aux rapports de
force et de domination qui résultent de leur
interactions permanentes.

De là, on peut facilement déceler
des analyses approfondies des différents phénomènes politiques chez les penseurs
et philosophes grecques, romains, arabes. Mais,
ces analyses sont restées assez vagues et n’ont pas débouchés sur la création d’une science politique au sens stricte du terme.

Quoi
qu’il en soit, les premières prémices de cette discipline qui traite
essentiellement des sujets de
l’Etat, du pouvoir politique, ainsi que des individus et des institutions qui s’en chargent, avaient
commencé déjà avec les écrits de Machiavel, Alexis de Tocqueville, Montesquieu, John loock, jean
jacques Rousseau, Jhon stuart Mill, …et autres. En revanche, force est de noter que bien qu’elles
aient contribué à la construction d’une véritable connaissance politique, ces prémices
étaient loin de constituer
une science rigoureuse de la politique, à cause notamment de leur liaison étroite
avec la philosophie, la morale et le Droit. Du coup, la connaissance scientifique produite durant des siècles
était davantage axée sur ce que doit être le
régime politique et sur le mode de gouvernement, au lieu d’être axé sur
leur réalité telle qu’elle se
présente à eux. Cette vision finaliste
et moralisante de la politique avait longtemps entravé toute évolution de
la connaissance politique vers une science politique
autonome de la religion, de la philosophie et du Droit. A ce titre, malgré son ancienneté et sa richesse
ainsi que l’accumulation des connaissances, qu’elle
avait elle- même empruntée
aux autres sciences sociales, la science politique était incapable de s’élever au rang du positivisme de
ces dernières qui était basé sur la neutralité
axiologique et morale de
l’expérimentation et de l’observation.

A
priori, la naissance de la science politique, en tant que discipline autonome,
est née de l’idée de la recherche et
de l’étude des phénomènes politiques indépendamment de la philosophie politique
et de la morale qui l’avaient jusqu’au
réduite à l’étude des



meilleurs
formes de gouvernement, les plus légitimes et les plus appropriées à la nature
des hommes et à leur morale.

La
discipline de la science politique avait dès ses débuts soulevé la question de la légitimité de son autonomie en ce sens que les phénomènes
politiques (Etat, partis politiques, pouvoir,
domination, institutions) qu’elle
prétend analyser, sont aussi étudiés par d’autres disciplines des
sciences sociales (sociologie, géographie, histoire, philosophie).

Dans ce cadre, il faut noter que la détermination rigoureuse de l’objet d’étude
demeure un critère fondamental pour qualifier toute discipline de
scientifique. Car on ne peut défendre
l’existence d’une discipline scientifique qu’à partir du moment où elle arrive à déterminer rigoureusement le
champ et les limites de son objet d’analyse par
rapport aux autres disciplines scientifiques qui partagent ou disputent les
mêmes paradigmes et méthodes avec elle.

C’est dans cette perspective que se pose la problématique de la détermination rigoureuse du concept même de la politique, ainsi que des
concepts qui gravitent autour d’elle
comme : le pouvoir, la domination, le conflit, l’Etat, les mouvements collectifs…etc.

A
ce titre, Il faut noter que la détermination de l’objet de la science politique
avait longtemps dominé les débats
entre les politistes contemporains. Car la détermination rigoureuse de l’objet
de cette discipline se fait à travers la construction de ses problématiques centrales, ainsi que par le perfectionnement de ses méthodes
et techniques d’analyse et d’investigation.

Il
va de soi que cette introduction est conçue pour l’initiation des étudiants du
S1 au grandes problématiques et concepts
de la science politique contemporaine. Elle ambitionne de ce
fait, initier les nouveaux étudiants à faire usage des concepts de la science
politique pour mieux comprendre et analyser la vie politique
et ses implications sociales
immédiates et lointaines.



Axe 2 : La science politique comme discipline scientifique

 

§1. Définition de la science
politique

 

Reste
à savoir en quoi la science politique est une science. Dans les lignes qui suivent, nous voudrions introduire à un
questionnement épistémologique c’est-à-dire
une réflexion sur le statut de cette discipline. Pour cela, nous nous
poserons deux questions : Qu’est-ce qu’une
science ? Comment
définir la science politique
?

 

1- Définition de la science

 

Dans
les sciences sociales, chaque école a tendance à affirmer que sa démarche est scientifique. Pourquoi chacun éprouve-t-il
le besoin de qualifier sa démarche de scientifique?

 

Il
semble clair à ce niveau que ce sont les prodigieux résultats obtenus par les sciences de la nature qui montrent que
leur démarche a conduit et conduit toujours, à
une appréhension de plus en
plus féconde de la réalité.

 

De
façon générale, nous partirons d’une définition très générale sur la
connaissance scientifique, comme:
« Représentation causale et objective   de  
la   Réalité». Avant de nous interroger sur les notions
de causalité et d’objectivité, observons que
définir la connaissance scientifique comme « représentation causale et
objective de la Réalité », soulève deux affirmations
importantes:

 

Tout d’abord
si la réalité peut être représentée c’est qu’elle existe avant toute représentation
et indépendamment de toute représentation. On dit que la réalité existe en dehors de la connaissance qu’on en a.
Ex: la planète Pluton n’a été découverte qu’à
la fin du 19 siècle; il est bien
clair qu’elle existait avant de la découvrir.

 

Ensuite, si la connaissance scientifique est une représentation de cette réalité
préexistante, elle n’est pas, et elle ne peut pas être cette réalité
elle-même; Althusser dit joliment « le
concept de sucre n’est pas sucré! » ; C’est pour cela qu’il existe des représentations de la réalité.



 

La science se
distingue par les deux notions de causalité et
d’objectivité ;

 

La causalité

Un
des premiers aspects de la démarche scientifique se résume en effet dans la
phrase suivante: «
Tout fait à une cause »;
c.à.d. tout fait à des antécédents qui nous permettent de le comprendre et de le
reproduire au moins dans nos pensées. Cela ne
veut pas dire que toutes
les causes soient scientifiques

La causalité
transcendante situe la cause du phénomène considéré
en dehors du monde
sensible; ainsi le coronavirus est la manifestation de la colère du Dieu. La démarche
scientifique refuse évidemment cette causalité.

La causalité
pour être scientifique doit relier un phénomène réel à un autre phénomène réel de telle façon que cette
liaison permette de comprendre l’action de la
cause sur l’effet

L’objectivité

L’objectivité
se conquière et se construit par décentrements successifs du sujet par rapport
à un domaine de recherche
délimité sur lequel l’accord des esprits est possible.
Peut-on imaginer des conditions dans lesquelles le scientifique peut garder une position « neutre » à l’égard de son objet d’étude?

Que
signifie le fait d’éviter la formulation de jugements de valeur dans les
résultats de recherche ?

La neutralité axiologique est une posture méthodologique que le sociologue Max Weber a
proposé dans « Le Savant et
le politique
», qui vise à ce que le chercheur prenne conscience de ses propres valeurs lors de son travail scientifique, afin de réduire le plus possibles les biais que
ses propres jugements de valeur pourraient causer.

La critique de Karl Popper

 

Le
philosophe Karl Popper fut le premier à s’interroger sur la rigueur de la
démarche scientifique. Sa
philosophie traduit très bien la manière de penser des scientifiques aujourd’hui. On peut la résumer
en trois points :

 

               
La science est une activité « faillible » : elle est toujours
inachevée, sans cesse



à recommencer depuis
le début.

 

 

               
La science
est une activité « falsifiable » : les théories que l’on croit les mieux assises ne sont,      en réalité, que des hypothèses ou des conjectures
qui seront un jour réfutées ou falsifiées par le jeu 
de nouvelles découvertes.

               
La science
est frappée par l’indétermination : l’univers n’est pas un univers clos, fini que l’on peut totalement
maîtriser avec une certitude absolue ; il est, au contraire, un monde infini, ouvert mais aussi irrésolu, indéterminé.

 

La critique
de Thomas Kuhn

 

Elève
de Popper, Thomas Kuhn va montrer qu’à un moment donné de l’histoire, il existe toujours une théorie générale
dominante que Kuhn appelle un le travail
consiste à élargir la théorie jusqu’à rencontrer des insuffisances, des
expériences contradictoires.
L’accumulation de ces exceptions conduit à une phase de crise : celle-ci débute par une étape
d’incertitude qui est très stimulante et engendre une phase créatrice ou l’on formule plusieurs théories générales
alternatives. Il en ressort une
révolution scientifique qui conduit à la victoire d’une théorie qui devient le nouveau
paradigme.

Au regard de ces premiers éléments
de définition de la science,
on peut effectivement parler de science politique à propos des
recherches concernant les phénomènes politiques.

Enfin,
la science politique existe aussi avec les limites de tout savoir scientifique, qui est d’être une représentation plus ou
moins proche de la réalité étudiée,
qui tend à coïncider avec cette
réalité en mettant en œuvre une démarche critique. Le but de la science est en effet d’arriver à établir des
connaissances qui coïncident le plus
possible avec la réalité. Pour atteindre cet objectif, toute science met en
œuvre une démarche intellectuelle
spécifique, la démarche scientifique. Cette démarche scientifique est souvent qualifiée de critique, car elle a pour finalité de garantir l’objectivité des connaissances acquises
en éliminant les phénomènes qui peuvent la compromettre et en adoptant pour ce
faire une attitude critique à l’égard de la connaissance vulgaire
ou spontanée de la réalité.



 

§2. Définition du concept de la politique

 

La définition de la politique demeure une opération aventureuse et
risquée, en raison de sa
multiplicité, de son floue et de son incapacité à dégager rigoureusement une essence qui lui est propre et qui perdure
dans le temps et dans l’espace. En revanche on peut distinguer deux grands types de définitions :

1- Les définitions profanes

La
difficulté d’une définition rigoureuse de la politique s’amplifie
considérablement avec le règne d’une
certaine perception populaire et profane de cette dernière qui y voit « un art du mensonge » ou même «
l’art du possible » ou alors « l’art
de gouverner les autres » ou enfin «
un simple jeu collectif qui vise la réalisation, par tous les moyens, des ambitions individuelles de gloire, de
pouvoir et de fortune au détriment des autres.

Les
définitions scientifiques

Au sein de cette catégorie de définitions on peut déceler
deux grandes familles

a.   Les définitions classiques

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Platon considère
dans son œuvre, la République, que le but ultime de toute politique ne peut être que la réalisation
de la justice. La politique, n’est alors que
l’art d’élever et de conduire les êtres humains. Cet art ne fait pas
usage de la force qui est réservée à la tyrannie,
mais à l’éducation et à la persuasion qui sont maitrisées uniquement par les philosophes et les sages.

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Aristote définit
la politique comme l’art de la conduite
collective des hommes afin de les rendre vertueux. Dans
cette optique, la politique et la morale sont
indissociables. Le but réel de la
politique n’est ni la conquête du pouvoir, ni
l’enrichissement individuel ou collectif, mais la recherche de la vertu.
C’est à dire le bonheur
collectif des citoyens.

Cette définition moralisante de la politique trouve
un prolongement et un écho dans la pensée politique contemporaine.

A
cet égard, le philosophe allemand Jürgen Habermas, partage aussi de manière philosophique cette vision en considérant que la raison d’être de toute connaissance, y compris la connaissance politique, gravite autour de l’émancipation des individus.



b.   Les définitions modernes

Il
semble que le terme politique prend une autre signification dans la langue
anglaise dans la mesure où il
renvoie à ce champ de lutte entre les individus et les groupes pour conquérir
le pouvoir ; pour l’exercer ou pour le
maintenir.

Le politique quant à lui, signifie cette organisation, dans une société,
du processus de prise de décisions ayant un caractère
obligatoire pour toute la collectivité nationale.

Cette manière de voir la politique se base sur les postulats de la
lutte pour le pouvoir et
l’organisation coercitive de cette lutte. En d’autres termes, l’intervention de
l’Etat, en tant qu’organisation qui
monopolise la violence légitime (à travers la loi, la sanction et la persuasion…), pour solutionner et organiser les
conflits d’intérêts qui naissent de la
lutte pour le pouvoir politique devient capitale.

Maurice
Duverger, quant à lui avance que la science politique est une science qui s’intéresse à l’étude des phénomènes du
pouvoir et du gouvernement dans toutes les sociétés humaines là où elles se trouvent.

Philippe Braud, va dans la même direction en suggérant que la science
politique est cette science qui
analyse la scène ou s’affrontent les individus et les groupes pour conquérir
et contrôler le pouvoir de l’Etat et de ses institutions, ou pour les influencer directement.

A ce stade, force est de constater que la langue anglaise semble
avancer la meilleure et la plus
pertinente formulation du concept de la politique, en ce sens qu’elle distingue entre trois niveaux d’analyse
bien différents l’un de l’autre : Politics ;
Policies et Policy.

The Politics, signifie la politique, ou ce champ social luttent les différents acteurs sociaux en vue d’accéder au
pouvoir. Elle est étudiée par la sociologie politique.

The Policies : les politiques, c’est à dire toutes les orientations et les actions
publiques de l’Etat
;

The Policy : Elle signifie l’Etat qui monopolise la violence légitime et une
identité liant les acteurs sociaux,
en leur fournissant une identification de soi et du monde et en leur justifiant leur vivre ensemble. C’est à dire le système
politique.

On peut dire que sur les points évoqués
ci-dessus la science
politique est progressivement en train de répondre
à ces exigences.



D’abord
par le souci de l’observation empirique de la réalité et par la préoccupation d’assurer
l’objectivité de celle-ci.

Les techniques de sondage d’opinion ou d’analyse du contenu comme les
procédés d’exploitation mathématique de leurs résultats
sont pour témoigner de cette orientation, malgré les limites
que celle-ci peut encore présenter.

Le
développement de la science politique se traduit aujourd’hui par l’apparition progressive de cadres d’analyse
communs, de concepts
communs, de problématiques communes, d’hypothèses communes,

Enfin, une science tend à expliquer les
phénomènes qui font l’objet de ses recherches, c’est-à-dire qu’elle tend à
établir entre les faits l’existence de relations permettant de comprendre
pourquoi tel ou tel phénomène
s’est produit, pourquoi
il a pris telle ou telle forme.

Ainsi,
au terme de ces considérations, le concept de science appliqué à l’étude du politique parait justifié, même s’il est nécessaire de rappeler que la «science»
politique présente des spécificités par rapport aux sciences de la nature
qui sont celles de toutes les sciences sociales,
et même s’il est vrai que son développement

«scientifique» a souffert de son autonomisation tardive par rapport à
la philosophie politique et par
rapport au droit public pour en faire une science sociale à part entière.

§3. Définition de la science
politique

Sans
aller jusqu’à parler de «L’introuvable science politique», force est de
constater que le spécialiste de
l’étude des phénomènes politiques se heurte à beaucoup de questions lorsqu’il essaie de définir le
champ d’action de sa discipline ainsi que la place qu’elle occupe dans le champ des diverses disciplines universitaires. Les pages qui suivent sont issues du constat
de cette situation et tentent d’y répondre de
façon un peu systématique en prenant position sur un certain nombre de
problèmes généraux qui restent plus ou moins controversés.

Quoi
qu’il en soit, la science politique peut être
définie comme étant la discipline qui
a pour objectif l’étude scientifique des phénomènes politiques. Cette
définition est apparemment simple,
mais, si on l’examine de plus près, on constate qu’elle est beaucoup
moins claire et qu’elle soulève
toute une série de questions.



C’est ainsi
que la première incertitude apparait
lorsqu’on s’interroge sur ce qu’est
un phénomène politique. On s’aperçoit, comme on l’a déjà évoqué lors de la deuxième
séance, que le mot apparemment banal de politique
n’a pas une signification
aussi évidente qu’on pourrait le penser. Il suffit, par exemple, de faire varier l’article précédant le mot
politique pour constater des glissements de sens qui révèlent la polysémie de ce terme. Ainsi se révèle une première
incertitude qui concerne la définition de l’objet de la science politique.

Cette difficulté à délimiter l’objet
de la science politique s’est traduite par une controverse devenue classique entre
tenants de la science politique comme «science de l’Etat» et tenants de la science
politique comme «science du pouvoir». Controverse que nous allons adopter, et ce pour des considérations d’ordre
pédagogique, tout en considérant qu’elle
ne permet pas de parvenir à une solution pleinement satisfaisante.

1.  
La science po
comme science de l’Etat

 

La
première conception relativement classique et traditionnelle, qui a été
fortement influencée par les juristes,
définit la science
politique comme «la science du gouvernement des Etats». La science politique
serait la discipline qui étudie les phénomènes
relatifs à l’Etat. Cette définition est une définition à dominante juridique, car, si la notion d’Etat comporte des éléments sociologiques -un territoire, une population-
elle insiste surtout sur l’idée que l’Etat est une organisation juridique, une personne morale exerçant un pouvoir
souverain pour prendre des décisions s’imposant aux membres de la collectivité étatique.

Cette
conception que l’on rencontre avant la Seconde Guerre mondiale développée par les juristes
et par certains sociologues, comme Georges Davy, a surtout
été illustrée après la
Libération par les écrits de Marcel Prélot. On la retrouve aussi chez les juristes
allemands ou des auteurs comme Le Belge Jean
Dabin.

Ceci
étant, cette approche centrée sur la notion d’Etat, et sur son corollaire juridique la théorie de la souveraineté, a fait
l’objet d’un certain nombre de critiques. Tout
d’abord, sa précision reste relative, car les frontières de l’Etat ne
sont pas évidentes, particulièrement dans une période qui voit s’étendre les activités
et les interventions de l’Etat
dans la vie sociale. D’autre part, et surtout, on reproche à cette définition
de conduire à une vision restrictive du politique en privilégiant ses aspects juridiques
et



institutionnels
au détriment de ses dimensions sociologiques, en oubliant qu’avant d’être des phénomènes juridiques les
phénomènes politiques entrent dans la catégorie plus générale des phénomènes sociaux.

2.  
La science po comme
science du pouvoir

 

Face
à cette thèse que l’on vient d’évoquer s’est affirmée une autre conception de
la science politique envisagée comme
l’étude des phénomènes de pouvoir. La science
politique devient alors la discipline consacrée à l’analyse des rapports
d’autorité, de commandement, de
gouvernement dans quelque société que ce soit, et pas seulement dans le cadre de l’organisation étatique. C’est une conception qui insiste fondamentalement sur les rapports
inégalitaires gouvernants/gouvernés et que l’on trouve particulièrement développée chez les politologues
anglosaxons comme Harold Lasswell ou
Robert Dahl, aussi bien que chez des auteurs français comme Raymond Aron, Georges
Burdeau, Bertrand de Jouvenel
ou Maurice Duverger.

Ainsi
Robert Dahl définit-il un système politique «comme un ensemble persistant de rapports
humains qui impliquent dans une mesure significative des relations de pouvoir, de domination
ou d’autorité».

L’intérêt de cette conception est de souligner que la notion de pouvoir se
retrouve dans la plupart des groupes
sociaux. Dés lors, tout groupe humain comportant des rapports de pouvoir
relèverait de la catégorie des phénomènes politiques.

Ceci
étant, si la première thèse est apparue restrictive, cette approche du
politique par la notion de pouvoir
parait exagérément extensive, car multiples sont les formes de pouvoir que l’on rencontre dans la vie
sociale. Ainsi du pouvoir du patron
dans son entreprise, du chef religieux dans son église,
du professeur dans sa classe,
pour ne citer que quelques exemples parmi bien
d’autres possibles. Dès lors le politique tend à se dissoudre dans le
social et à perdre
toute identité spécifique.

Les
deux approches qui viennent d’être évoquées se heurtent donc à des objections d’une portée non négligeable. D’ailleurs,
ces objections sont tellement fondées que les
tenants des thèses antagonistes ont été obligés d’en tenir compte et
d’amender la radicalité de leurs
positions.



Ainsi,
Marcel Prélot, tout en maintenant sa référence à l’Etat, a été conduit à
préciser que la science politique
doit s’étendre à la connaissance de « tout l’Etat», dans ses diverses formes et dans ses diverses
composantes, juridiques certes,
mais aussi sociologiques. II ajoute en outre que la
science politique ne saurait négliger l’étude de ce qui a précédé l’Etat —
les «phénomènes pré étatiques»

De
même, les tenants de la science politique comme science des phénomènes de pouvoir admettent que les formes les plus
perfectionnées et les plus complexes de pouvoir
se situent dans le cadre de l’organisation étatique. Ainsi Maurice Duverger constate-t-il «que ceux qui définissent la
politique comme la science du pouvoir en général reconnaissent qu’il atteint dans l’Etat sa forme la plus achevée,
son organisation la plus
complète et qu’on doit surtout l’étudier dans ce cadre; dans les autres
sociétés humaines, il reste embryonnaire».



Axe 3 : Spécificité et modes dexercice du pouvoir politique

Le
concept du pouvoir occupe une place importante dans la science politique, au
point que certains l’on qualifié de
science du pouvoir. Et comme le pouvoir n’a aucune substance physique propre à lui dans la nature, sa définition ne
peut alors toucher que ses manifestations sociales logiquement observables. En d’autres termes,
aucune définition
substantialiste ne peut rendre compte
scientifiquement de ce phénomène. La
raison est qu’il n’est pas une chose mais une situation qui prend naissance et
forme dans les relations des hommes.

De ce fait, on peut avancer
avec Robert Dahl que le pouvoir est une relation
interindividuelle asymétrique entre des individus
qui présentent une inégalité de ressources ou de
capacités.

En fait, il serait faux de réduire le pouvoir en son aspect négatif, c’est à dire comme un système de règles et de principes
coercitifs, qui tend à limiter
la liberté des individus et des groupes, ou comme mécanisme oppressant.

Il serait
également abusif de considérer le pouvoir comme l’apanage de l’Etat et de ses institutions répressives. Il est
partout et traverse toute la société de haut en bas et peut prendre une multitude de formes et de manifestations si
l’on admet la proposition de Michel
Foucault selon laquelle, le pouvoir ne s’exerce pas uniquement par la violence ou la prohibition, ou même par
l’obligation faite à ceux qui ne le possèdent
pas. Autrement dit, le pouvoir ne se possède pas, mais il s’exerce par
une quantité de stratégies et de
techniques qui ne sont pas toutes monopolisées par l’Etat. De ce fait, il est judicieux de voir qu’est ce qui rend
le pouvoir politique si spécifique par rapport
aux autres formes du pouvoir.

Hanna
Arendt avance une autre conception du pouvoir politique qui se démarque foncièrement par rapport à la majorité des
philosophes politiques. Pour elle, définir le
pouvoir comme un rapport de domination de l’homme sur l’homme serait une
erreur de jugement sur la nature
intrinsèque de la politique. Car, cela suppose que la violence serait
au cœur même de toute forme de pouvoir de la politique.
Or, bien que pouvoir et violence soient souvent associées
et ont des manifestations communes,
cette dernière n’est en réalité qu’un des instruments que
le pouvoir utilise pour s’assoir. Hanna Arendt
souligne qu’historiquement, il n’y a jamais eu de gouvernement qui



soit
exclusivement fondé sur l’emploi de la violence. Cela dit, le pouvoir constitue l’élément
essentiel de toute forme de gouvernement, puisque
ce dernier n’est en définitive qu’un pouvoir organisé et institutionnalisé.

En
fait, « le pouvoir et la violence s’opposent par leur nature même ; lorsque
l’un des deux prédomine, l’autre est
éliminé. » Cela implique que la violence peut détruire le pouvoir,
mais elle est parfaitement
incapable de le créer.

1.               
La spécificité du pouvoir politique

De
tous les pouvoirs sociaux, le pouvoir politique se distingue par sa
territorialisation, c’est à dire
par le fait qu’il s’exerce à l’intérieur d’un territoire géographiquement déterminé par l’exercice et le monopole de
la violence légitime de la part de cette organisation qu’on dénomme
communément l’Etat. c’est-à-dire, de cette violence jugée par la population comme
indispensable pour le bon fonctionnement de toute la société.

A
ce titre, le pouvoir politique implique toute forme de pouvoir émanant de
l’Etat ou de ses institutions qui
vise à commander et orienter une population donnée sur un territoire donné dans le but de répartir
autoritairement les ressources matérielles et
symboliques ayants une valeur au sein d’une société. En fait, le
qualificatif politique du pouvoir,
renvoie directement à son caractère étatique et public. C’est-a-dire à son émanation
de l’Etat et de ses institutions.

A
l’origine, c’est Max weber qui a pu nous fournir la définition la plus
pertinente du pouvoir, quand il a
développé ses deux principaux concepts de Macht (puissance de coercition) et Herrschaft (pouvoir
comme autorité). il identifie
le pouvoir comme la
capacité d’un acteur (individu, institution, groupe, partis politique,
famille…), dans un rapport social,
de modifier le comportement d’un autre, par la pression, la force ou par d’autres
formes de domination non
coercitives.



Généralement, le pouvoir politique
est cette capacité, dont dispose l’Etat d’agir autoritairement sur les comportements et
la vie des citoyens dans le cadre du territoire national. On est là en présence d’une autorité et d’une
contrainte institutionnalisées et manifeste, c’est à dire organisées au sein d’un certain nombre d’institutions et régulées
par d’innombrables de normes et de lois obligatoires.   La nature même de tout pouvoir politique est d’obtenir la soumission des membres
de la société sous menace de contraintes
physiques.

Le
pouvoir politique n’est alors qu’une des multiples facettes que peut revêtir le pouvoir : pouvoir religieux, pouvoir
économique, scientifique… De plus,
le pouvoir n’est pas nécessairement
concentré dans l’Etat et ses institutions, en ce sens que d’autres institutions sociales peuvent
elles aussi le produire et l’exercer comme les
partis politiques, la famille, les syndicats, l’école, les Zaouya’s, les
organisations de la société civile…

2.                
Les modalités
de l’exercice du pouvoir

 

Michel
Foucault estime que le pouvoir ne se possède pas par les individus, mais il s’exerce. De là, la vraie question n’est
pas de savoir qu’est-ce que le pouvoir, mais
comment il s’exerce par ceux qui le détiennent, par quels mécanismes il
s’exerce, et quels sont ses lieux d’exercice (tactiques, techniques, stratégies, règles,
enjeux, objectifs…) ; (la
prison, les asiles psychiatriques, les écoles, les ateliers, l’armée, la famille…)

Il
faut noter que si le phénomène du pouvoir est universel et naturel ses
modalités d’exercice ont fluctué durant l’histoire. Mais,
depuis le milieu
des années cinquante on a commencé à voir naitre l’Etat providence en occident et avec lui une nouvelle forme de pouvoir
politique. On est donc passé selon Michel
Foucault, d’un pouvoir
qui « fait mourir ou laisse vivre » à un système
qui « fait vivre ou laisse
mourir ».

Généralement, le pouvoir
politique peut prendre plusieurs formes
lors de son exercice.



a.                 
Distinction selon le
nombre de ceux qui
exercent le pouvoir

 

On peut dès lors distinguer trois formes principales selon le nombre de
ceux qui l’exercent :

clip image002       Le pouvoir d’un seul ; (Roi,
despote, président, consule, chancelier,) qui
exerce à lui seul tous les pouvoirs
politiques. On parle alors d’un pouvoir autocratique. Ce type de pouvoir peut dériver vers un pouvoir
personnifié et personnalisée dans la personne même de
l’autocrate. En d’autres termes, l’autocrate
incarne physiquement le pouvoir politique lui-même et concentre entre
ses mains l’essentiel de ses attributs.

clip image002       Le pouvoir d’une minorité. (oligarchie, aristocratie, technocratie, ploutocratie,
gérontocratie,…) dans ce cas, le pouvoir politique est exercé par une minorité ou par une élite restreinte qui
demeure étrangère par rapport aux reste de la
population. Dans ce cas le pouvoir politique circule uniquement à
l’intérieur du cercle du pouvoir
détenu par la minorité. Il se transmet
soit, par hérédité,
soit par, cooptation, soit par tirage au sort, soit
même par la désignation. L’objectif de ce type
de pouvoir est de rester
toujours à l’intérieur du groupe minoritaire qui gouverne.

clip image002       Le pouvoir de la multitude, (Démocratie). Ce type de pouvoir politique
s’exerce par la foule, ou la masse des citoyens indépendamment de leurs
origines, classes, richesses,
religion. Ce type d’exercice du pouvoir se base essentiellement sur le facteur nombre et sur la majorité
numérique pour prendre
les décisions qui s’imposent
à toute la société. Cette forme d’exercice du pouvoir politique semble être la moins personnalisé puisque le choix des
détenteurs du pouvoirs n’obéit à aucun critère sélectif
particulier. De plus ce type de pouvoir
se prête le plus pour le processus à l’institutionnalisation étant
donné que la ou les personnes détentrices du
pouvoir ne peuvent
prétendre s’assimiler à leur poste ou le détenir en dehors des règles fixées par la majorité des
citoyens.



b.                
Distinction selon
son caractère

 

On peut aussi distinguer d’autres formes d’exercice du pouvoir, selon
son caractère dissuasif et son
acceptation (légitimité) de la part de ceux qui
le subissent. Dans ce cas, trois formes de pouvoir peuvent être évoqués :

clip image002       Le pouvoir à caractère rationnel,
qui repose sur la croyance de tous les citoyens
en la légalité (la conformité au Droit) des décisions et des ordres dictés par ses détenteurs. Dans ce cas, on parle d’un
pouvoir institutionnalisé et légale, c’est à
dire qui s’exerce en vertu de sa conformité avec les lois et les normes
des institutions politiques. les
détenteurs du pouvoirs n’ont dans ce cas aucun rapport avec le lieu du pouvoir. Le lieu du pouvoir politique se
trouve dans les institutions et non dans les
personnes qui l’exercent.

clip image002       Le pouvoir à caractère traditionnel : qui repose sur la soumission des sujets à aux traditions sociales et religieuses
qui font de lui une chose sacrée et mystique qui inspire la peur et le respect de la part de ceux qui le
subissent. L’obéissance des sujets à ceux 
qui détiennent le pouvoir est dictée par des règles
sacrées transmises de génération
en génération. Celui qui détient le pouvoir n’est pas un supérieur de ceux qui obéissent mais simplement un seigneur
dont le pouvoir est personnel, et qui est entouré de serviteurs
et de sujets.

clip image002       Le pouvoir à caractère charismatique: qui se base sur la soumission totale
quasi sacrée au chef charismatique dont les vertus, la valeur,
l’héroïsme et le courage dépasse ceux
de ses semblables. L’obéissance des citoyens est garantie grâce aux qualités personnelles du chef et non à un
quelconque ordre légal ou institutionnel. Le
chef charismatique constitue
de ce fait le lieu même du pouvoir politique. Il communique ses ordres et ses décisions
à son peuple en dehors des institutions politiques, puisque ces dernières ne peuvent prétendre
à aucune légitimité en dehors de sa personne. Ce type de pouvoir est
souvent un pouvoir personnifié et personnalisé
dans et par la personne du chef. il peut dévier vers un type de pouvoir
autocratique, despotique, ou même totalitaire.

De
toute manière, l’exercice du pouvoir politique ne peut reposer uniquement sur
la violence, il requiert inexorablement un minimum de légitimité de ceux qui l’exercent.



c.                 
Les sources du pouvoir politique

 

De manière
générale, les détenteurs du pouvoir politique
se distinguent de leurs semblables par une qualité ou par un
certain nombre de qualités personnelles qui les valorisent aux yeux de la communauté. Parmi ces qualités qui
confèrent à certains de devenir chefs et détenteurs du pouvoir politique
on peut citer :

1.                 
La descendance d’une famille de rois,
saints, notables,… l’hérédité joue alors un rôle déterminant dans l’accession de l’individu au pouvoir en ce sens que l’appartenance au clan ou à la famille qui
règne suffit à elle seul pour devenir un chef
détenteur du pouvoir
ou pour faire partie du cercle de ceux qui gouvernent. La descendance
comme critère d’accession au pouvoir est pratiquée dans les régimes politiques, oligarchiques, aristocratiques,
monarchiques…

2.                                        
La richesse ; souvent les chefs politiques font
partis des familles les plus riches
dans la société. La richesse permet à ceux qui la détiennent d’influencer directement le comportement des autres, en
ce sens qu’elle permet de récompenser la soumission
et la fédilité des autres. On appelle le type de pouvoir qui est basé sur la richesse
la Ploutocratie.

3.                                        
Le savoir, et la bonne parole ont eu souvent
un impact décisif sur les comportements des hommes. Et comme le savoir et la parole sont inégalement répartis dans les sociétés, ceux qui les détiennent arrivent parfois à se frayer un chemin vers le pouvoir politique pour
devenir des chefs ou simplement pour faire partis
des cercles rapprochés du pouvoir politique. Le pouvoir des savants et des érudits est appelé technocratie. Le savoir
et la parole deviennent alors le fondement même de la
légitimité politique.

4.                 
Le
charisme, c’est à dire l’ensemble des qualités personnelles exceptionnelles du chef politique, courage, héroïsme,
sagesse, générosité, paternalisme, montreur de
conduite… qui constituent le fondement de la légitimité et du pouvoir
politique du chef. on obéit au chef,
non pas à cause du pouvoir de contrainte dont il dispose, mais parce qu’il bénéficie d’une acceptation
préalable des sujets qui croient en lui et en ses qualités exceptionnelles au point de devenir docile.
L’obéissance au chef charismatique
constitue un signe de reconnaissance et de confiance que les sujets manifestent à son égard. Le chef devient alors le centre du pouvoir politique, et il est



entouré
de plusieurs cercles de serviteurs de confiance qui n’ont aucune légitimité politique propre en dehors de celle que le
chef leur procure. Le charisme n’est pas une situation politique statique et stable, car il est attaché à
la personne du chef lui- même. Une fois ce denier disparait, son charisme est alors amené a changer
de caractère, soit en se
rationnalisant en se basant sur des institutions durables, soit en se traditionalisant en se basant sur
l’histoire exceptionnelle de l’ex- chef qui devient un critère de sélection des chefs politiques à venir.

5.                 
La
tradition, le chef détenteur du pouvoir politique et l’étendu de ses pouvoirs sont alors fixés selon des règles
anciennes transmises de génération en générations. Le chef politique n’est pas un supérieur hiérarchique de ses sujets. Il est un saint auquel la tradition et les règles sacrées
(religion) confère le statut de chef en vu d’appliquer le pouvoir des divinités, ou de forces
extranaturelles. Le chef traditionnel devient ainsi le gardien de la tradition et de la parole des divinités et des
forces protectrices de la communauté.
Les sujets en obéissant à leur chef ne font qu’obéir à un ordre divin ou surnaturel protecteur en quoi ils
croient.

6.                 
Le hasard, beaucoup de chef politique ont accéder au pouvoir
non pas grâce

 

leur charisme, talent,
ou appartenance sociale,
mais grâce a un pur concours de circonstances
qui avait facilité leur accès au pouvoir. Le hasard peut jouer en faveur d’un chef politique en cas de décès, maladie, déchéance, élimination, abdication, tirage au sort, coup d’Etat… d’un
prétendant favori au pouvoir. ( Bachar al Assad, Staline, poutine, abdication du Roi Edward VIII en 1936 en
faveur de son frère Georges VI, Napoléon, Mandela, …).

1.      Le réseau politique, la place que peut occuper un individu ou
un groupe d’individus dans Les
réseaux politiques influents, c’est à dire dans ces structures spécifiques de relations (la communication, le soutien, l’influence, le commandement et le contrôle,
l’auto- organisation, la persuasion, la coalition, les flux commerciaux, la solidarité,…)
entre les acteurs-individuels, collectifs, privés, publics … peut déterminer largement leur chance
d’accéder au pouvoir politique. Autrement
dit, la place qu’occuperait un acteur dans un ou plusieurs réseaux
politiques élitiste et influent peut être révélatrice de ses chances
et de ses capacités
de devenir un chef politique.



Axe
4 : Les domaines d’action
de la science politique

 

On
peut suggérer avec Pierre Favre que la science politique dispose de plus qu’un objet d’étude. Elle a des objets qui ne
lui appartiennent pas exclusivement, En ce sens qu’elle les partage avec d’autres disciplines des sciences
sociales. Ces objets sont justement devenus
centraux dans la science politique
grâce une longue tradition académique et institutionnelle. De ce
point de vu, la question de l’objet central et
exclusif de la science politique devient sans aucun sens, étant donné
qu’il n’existe aucune frontière
précise et limitée entre les objets traités
par les sciences sociales.

Il
va de soi que l’objet ou le les objets de la science politique ne sont autres
que ceux qui ont été admis comme
tels, par la communauté des politistes et leurs institutions pour devenir les objets de la science
politique à un moment donné de l’histoire, et qui sont par la suite consacrés
par l’Etat et érigés en objets et sujets officiellement intégrés dans les programmes d’enseignement de la science
politique.

En
1950 l’UNESCO avait approuvé quatre grands axes et problématiques constituants la science politique :

1.                 
La théorie politique (l’histoire des idées politiques, la philosophie politique).

 

2.                 
Les institutions politiques (la constitution ; le gouvernement central; le gouvernement régional et local;
l’administration publique; les fonctions économiques et sociales du gouvernement;
les institutions politiques comparées…).

3.                 
Les Partis
politiques, les Groupes et l’opinion publique : (les partis politiques ; les syndicats ; les groupes d’intérêts
et les associations ; la participation des citoyens au gouvernement et a l’administration ; l’opinion publique…)

4.                 
Les relations
internationales : (l’organisation et l’administration internationales, le Droit international, les relations entre les acteurs
internationaux ).

Et
si l’on veut arrêter une liste des sujets qui sont supposés faire l’objet de la
science politique contemporaine on peut évoquer :

clip image002       Les acteurs politiques : les institutions ;
les groupes organisés, les individus, les mouvements sociaux…



clip image002       Les processus
politiques : les politiques publiques ; la socialisation politiques, les opérations électorales, l’action politiques collective, les conflits politiques,

clip image002       Les comportements
politiques : le vote, l’opinion publique, la participation politique…

clip image002       Les idées
politiques : idéologies, courants politiques, sensibilités politiques, orientations politiques, idéaux politiques (justice, liberté, égalité,
reconnaissance, identité…)



Axe
5. Typologie des régimes politiques contemporains

 

§1.Le régime démocratique

 

La démocratie est une notion qui dérive des mots grecs Démos et Kratos
qui signifient respectivement
Peuple et pouvoir. Elle envoie ainsi au pouvoir du peuple dans l’Etat. Abraham Lincoln considère ce régime comme
le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple. Ce régime était
considéré par le penseur politique comme le moins acceptable en ce sens qu’il offrait
injustement le pouvoir
politique à la multitude qui est par nature chaotique et irrationnelle.

Si tout État démocratique est par nature un État de droit (France, Grande Bretagne…etc.),
il n’est pas vérifié que tout État de droit soit un État démocratique (Allemagne nazie, Italie fasciste,
Ex-États du bloc communiste).

A.     La démocratie représentative

Selon
une définition devenue désormais classique, la démocratie représentative est « un système politique où les gouvernants
sont élus par les citoyens et considérés ainsi
comme leurs représentants ». La démocratie représentative est de ce
fait, une des formes les plus
répandues des systèmes de gouvernement dits démocratiques, dans la mesure où le peuple souverain, étant dans
une impossibilité objective et technique d’exercer
lui-même le pouvoir législatif, il le délègue à ses représentants lors des élections. Ces derniers ont l’avantage d’être qualifiés pour discuter les affaires publiques sans pour autant qu’ils ne
reçoivent des instructions directes de la part de ceux qui l’ont choisi.

La démocratie représentative repose ainsi
sur les principes suivants
:

 

1.                 
La souveraineté appartient
exclusivement à la nation,

 

2.                 
Les gouvernants sont désignés par des élections libres, transparentes et régulières,

3.                 
Les élus sont indépendants de leurs électeurs
car ils représentent la nation
entière.

4.                 
Le parlement est le centre
de tous les pouvoirs politiques,



5.                 
la justice est indépendante par rapport aux autres
pouvoirs,

 

6.                 
Les droits et libertés
fondamentaux des citoyens
sont garantis,

 

Les principes fondateurs du mode de gouvernement démocratique

 

La démocratie représentative se distingue de la démocratie directe en
ce sens qu’elle se repose sur l’idée de la souveraineté nationale au lieu de la souveraineté populaire. Cela signifie que le citoyen électeur n’est pas titulaire de la souveraineté. Cette dernière appartient plutôt à la nation qui est  
une entité, abstraite, collective et
indivisible, différente des individus qui la composent. Les élus représentent ainsi la
nation toute entière
et n’ont aucune directive à recevoir de ceux
qui les ont élus.

Généralement,
la démocratie représentative demeure un mode de gouvernement ou les citoyens
électeurs ne font que jouer un rôle, qui est celui de contribuer, par leur vote, à l’expression de la volonté
générale de la nation. Le parlement est le lieu où se manifeste cette volonté
générale de la nation qui demeure indépendante est souveraine. Une
telle vision de la démocratie qui sépare les élus de leur base sociale avait entrainé un renforcement démesuré
des rôles de l’institution parlementaire et des députés qui y siègent au point d’être qualifié du parlementarisme absolu,
ou de l’absolutisme de la loi. L’indépendance quasi totale du parlement par rapport au peuple fait de lui le détenteur effectif de la
souveraineté.

B.     la séparation
des pouvoirs

Paragraphe premier- le principe de séparation des pouvoirs.

 

Après avoir
étudié la constitution anglaise, Montesquieu y découvre les facteurs de régulation interne du pouvoir politique
en mesure de préserver liberté des individus contre l’arbitraire naturel
des gouvernants A- la théorie
de la séparation des pouvoirs.

Le
principe développé par Montesquieu est simple : lorsque les pouvoirs de l’Etat
sont concentrés entre les mains
d’une seule personne ou d’une même institution, la liberté des individus est menacée, parce que «
c’est une expérience éternelle que tout homme
qui a du pouvoir est porté à en abuser ». Par conséquent, pour préserver
cette liberté et la prémunir
contre le despotisme naturel du pouvoir, il faut lui fixer des limites.



La théorie
de Montesquieu repose sur la séparation des pouvoirs qui permet de répartir
l’exercice de la souveraineté entre trois organes. Ainsi aucun organe ne peut avoir la prétention légitime de représenter la nation dans son entier et, et par conséquent l’attribut de dominer les
autres pouvoirs. De la sorte, les pouvoirs se feront contrepoids et se limiteront mécaniquement c’est-à-dire par la
force des choses, et non par le seul
respect d’une norme transcendante (la constitution).

Pourtant la séparation des pouvoirs ne signifie pas l’isolement des organes de l’État. Le gouvernement d’un État ne peut
fonctionner que sur la base d’une collaboration des pouvoirs..

B-
Les limites à la séparation des pouvoirs.

 

Même
lorsque la théorie de la séparation des pouvoirs est entièrement consacrée, notamment dans les démocraties
occidentales contemporaines, il faut admettre qu’elle souffre de limites de plus en plus banalisées.

a-     
Les limites
quant à l’effectivité de la séparation :

Aucune démocratie moderne ne peut prétendre à une application détaillée de la séparation des pouvoirs.

Sauf
dans le régime américain, le pouvoir judiciaire n’a jamais été considéré comme égal aux autres pouvoirs.

b-     Le fait majoritaire :

Lorsque le gouvernement est issu d’une majorité parlementaire qui le
soutien, la séparation de l’exécutif
et du législatif est vidée de sa
substance.

Paragraphe second- le principe de l’équilibre des pouvoirs.

 

Les applications de la théorie
se déclinent en deux versions
spécifiques : une séparation
souple du pouvoir et une séparation stricte ou rigide. Mais l’existence de régimes
de confusion des pouvoirs ne
doit pas être perdue de vue.

A-
la séparation souple
des pouvoirs.

 

Les démocraties représentatives fondées sur le principe de la séparation
des pouvoirs (ou la collaboration des
pouvoirs) sont dites à régime parlementaire. En effet, ce régime repose sur le principe
de l’égalité des pouvoirs notamment législatif et exécutif



à travers
une logique de rapports systématiques contrairement à la logique d’indépendance de chacun de ces pouvoirs
par rapport aux autres. leur collaboration constitue le fondement de leur équilibre.

Le régime
parlementaire type s’est développé en Grande-Bretagne

 

b- Les mécanismes de l’équilibre du régime parlementaire

 

La
collaboration qui est le principe de base des rapports entre le pouvoir
législatif et le pouvoir exécutif
peut ne pas remédier à des situations de blocage et de pressions qui peuvent perturber le fonctionnement du régime
parlementaire. D’où l’usage de moyens de pression dont dispose réciproquement chacun des deux pouvoirs

1-  la responsabilité politique
du gouvernement devant
le parlement.

 

La responsabilité du gouvernement devant le parlement peut être engagée
par le biais de deux procédures
distinctes : la motion de censure et le vote de défiance (le refus d’accorder leur confiance au
gouvernement).

2-  la dissolution du parlement.

 

Simple
prérogative royale à ses origines, la procédure de dissolution de la chambre basse du parlement s’est transformée en
mécanisme de base de l’équilibre des pouvoirs
dans le régime parlementaire. Le droit de dissolution du parlement
apparaît comme une arme préventive
destinée à endiguer les ardeurs de la majorité
parlementaire lorsque le soutien de ceux-ci au pouvoir exécutif
devient fluctuant et de, par conséquent, être facteur
générateur d’instabilité gouvernementale.

B- la séparation rigide des pouvoirs.

 

Le principe
de la séparation stricte des pouvoirs est fondé sur l’égalité et l’indépendance
des pouvoirs, l’un par rapport à l’autre. Le mode type de séparation stricte
des pouvoirs est représenté par le régime présidentiel américain. Dans ce régime la caractéristique de l’égalité
et de l’indépendance des pouvoirs législatif et exécutif repose sur deux
points fondamentaux:

   
l’absence de moyens de pression réciproque, c’est-à-dire que la responsabilité du chef de l’exécutif ne peut pas être engagée
devant le pouvoir
législatif et, réciproquement, le chef du pouvoir exécutif
ne dispose pas de la prérogative de



dissolution
des chambres du parlement. L’absence
de mécanismes de contrepoids implique une collaboration de nature
quasiment contractuelle entre les deux pouvoirs, seule issue leur permettant de coexister jusqu’à la fin de leurs mandats
respectifs.

  
l’élection
du président au suffrage universel direct. Ce facteur fondamental place le chef de l’exécutif à égalité par rapport
au pouvoir législatif : « il tire son statut directement
de la nation et non de l’assemblée (législative) et ne dépend pas de cette dernière
quant à l’exercice de ses pouvoirs »

§2. Les régimes
totalitaires

 

Le mot totalitarisme semble être inventé pat Mussolini dans les années
trente du XXème siècle pour désigner
la supériorité de l’Etat sur tout autre institution politique ou sociale et son caractère total.

Le
totalitarisme est de ce fait un régime politique ou aucune résistance à l’Etat
et à ses institutions n’est tolérée
même si elle est pacifique. Les
citoyens sont dans un tel régime
réduits à de simples serviteurs de la grandeur de l’Etat. Autrement dit, on est devant une nouvelle catégorie de régimes
politiques ou l’Etat prend en charge de manière
exclusive la création d’une nouvelle société et d’un nouveau citoyen. Ces régimes
ont vu le jour en Italie
fasciste, en Allemagne nazie et en URSS stalinien.

Parmi les caractéristiques
de ce régime on peut invoquer :

 

i.                   
La subordination de tous les secteurs
sociaux à l’Etat
;

 

ii.                
L’existence d’un chef
charismatique et du culte
de la personnalité,

 

iii.              
L’existence d’un parti
unique ;

 

iv.               
Le monopole et le contrôle de tous les moyens de communication de masse
;

 

v.                 
L’existence d’une idéologie officielle, pour simplifier et réduire le monde
;

 

vi.               
Le        recours
massif             à          la         violence           et         à          la terreur
commemode de gouvernement,

vii.            
Le refus de toute forme de pluralité
et de diversité politique ou culturelle,



ix.               
Une tendance
guerrière et agressive
en politique étrangère
(volonté de domination et d’expansion à l’étranger.

§
3. Les régimes autoritaires

 

Le terme autoritaire recouvre un vaste éventail de régimes politiques,
que l’on peut qualifier de
franquisme, de régimes militaires en Amérique latine et en Asie, des Etats nouvellement indépendants d’Afrique, des monarchies sultaniennes ou partimonialistes…etc. Juan José
Linz défini les régimes autoritaires sur la base de trois caractéristiques
principales:

1.                 
le pluralisme politique limité,

 

2.                 
la présence d’une mentalité politique plutôt que d’une idéologie
totalisante,

 

3.                 
l’absence ou le
faible niveau de mobilisation politique des masses.

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